vendredi 20 février 2009

Sur un air des Platters



« Twilight Time » des Platters. Pour Tom, cela évoquait les plages de Miami ou de la West Coast. Le sable chaud, l’ambre solaire et les vagues. Un hymne chaloupé comme des pin-ups fifties léchant leur glace à la fraise.
Tom en rêvait de soleil et de nuits moites sous les palmiers.
Mais en guise de moiteur, il avait droit à la lourde ambiance étouffante d’un bastringue enfumé du Bronx : un affreux bouge irrespirable où dans un pogo chronométrique, des punks s’excitaient au son d’un groupe au rythme saturé.
New-York, les junkies, les punks… Tom en avait la nausée. Il rêvait de « Twilight Time », des Platters. Sortir du trou, sortir de son trou puant le chanvre, s’extirper d’une nuit no way out.
Il passa sa main sous son blouson de cuir bon marché, et sentit que ça poissait. En même temps, un vertige accéléra le rythme de son cœur en un mouvement tatychardique.
Il voulut se lever de sa chaise. Pour cela, il dut faire un violent effort qui l’obligea à serrer les dents.
Il parvint à se soulever, chancela, et s’écroula d’un coup sur le plancher graisseux du bouge.
Le groupe punk continuait de marteler son hymne métronomique, mais Tom ne l’entendait plus.
Dans sa tête coulait une douce mélodie, une harmonie de voix, les Platters dans une synchronie musicale.
Allongé sur le sol, Tom écouta religieusement « Twilight Time ».


Quand le morceau se termina, il avait oublié la ruelle sombre encombrée de poubelles puantes où il avait reçu un coup de couteau par un junky au bout du rouleau. Il voyait une vague venir s’échouer sur le sable doré d’une plage de Californie. Et c’est avec le sourire qu’il s’en alla s’échouer dans le monde de l’invisibilité, bercé par un air des Platters.


Patrick S. VAST - février 2009


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