Librairie polar

Dans le cadre des échanges Nord-Sud, après la collection "Polars en Nord" des éditions Ravet-Anceau, voici la librairie "Soleil Vert", sise en terre gardoise, dans des contrées qui ont vu passer ma jeunesse routarde. Cette librairie, qui offre également une gamme intéressante en matière de SF, laisse la part belle au polar, et notamment dans sa version rétro comme on l'aime sur Vast in Black. Alors, partez à la découverte en cliquant ici.

Polars en Nord

Photo Régine Vast

La région du Nord est propice aux polars. Avec ses canaux, ses rivières, ses sous-bois, ses petites villes, décors de nombreux faits divers, son climat tantôt pluvieux, tantôt brumeux, son ciel gris, mais pouvant être tout aussi bleu, comme son climat chaud et étouffant ; tout cela concourt à tisser des ambiances, des atmosphères polareuses.

Et les éditions Ravet-Anceau ne s'y sont pas trompées, en créant en 2005 la collection "Polars en Nord" qui compte désormais un bon nombre de romans se déroulant dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Ah, il ne faut pas oublier également que le littoral de la région Nord avec ses plages, ses falaises, ses dunes, et juste en face, l'Angleterre, depuis toujours bastion du polar à toutes les sauces, constitue un atout supplémentaire.

Pour prendre connaissance des ouvrages de la collection, on clique ici.

Le noyé assassiné

Il fut un temps, quand je grattais encore ma guitare, j'avais composé un morceau sur un rythme de ska, qui s'appelait "Le verre abandonné de la femme assassinée". C'était une chanson polar bien évidemment, et ça donnait :

"Personne ne s'est soucié

Du verre abandonné de la femme assassinée

Retrouvée raide morte

Dans les WC

D'un night club enfumé

Même pas la police

Et son jeune inspecteur

En manteau chiné

Il portait pourtant

Les empreintes digitales

D'un mari jaloux

Qui sans vergogne

Dans le verre

Le poison

Avait déposé"

Et cette charmante complainte me fait penser, sans qu'il n'y ait vraiment de ressemblance, à une autre chanson polar, "Le noyé assassiné" de Philippe Clay. Autre temps, autre rythme, autre genre plutôt rive gauche, même si Clay s'est plutôt déclaré de droite, en tout cas pas soixante-huitard, (dixit "Mes universités").

Le fait divers

Le polar se nourrit de diverses tendances, va quérir sa matière première à diverses sources. Et le fait divers n'est pas la moindre de ses sources d'inspiration. Le quotidien, le voisinage, voilà qui peut être à l'origine de moult intrigues, que personnellement j'affectionne. Oui, j'aime lire comme écrire du polar à partir de gens apparemment sans histoire, mais dont la destinée peut basculer pour un rien, un effet du hasard, un coup du destin. "Détective", revue intemporelle du fait divers, enflamme l'imagination, et l'écrivain de polar l'achemine jusqu'à vous, dans les méandres de sa création littéraire. Le quotidien le plus banal se romance, et son voisin de palier ressort des pages d'un roman au fond duquel on risque à tout moment de surgir.

36, Quai des Orfèvres

Si le Quai a donné son nom à un film célèbre avec Jouvet, qu'une chaîne TV a eu la bonne idée de rediffuser il y a peu, il est avec son numéro 36, le siège de la police parisienne, où se profilent l'ombre de Maigret et de bien d'autres de nos flics qui hantent nos romans et nos pellicules. Mythologie policière, rendez-vous de nombreuses intrigues de nos nuits blanches.

Les chiens

Comme un complément indispensable au thriller "Sous haute surveillance" chroniqué dans la note précédente, voici "Les chiens", un film d'Alain Jessua en 1976. Là encore, dérive sécuritaire à foison, avec un sujet bien mordant ; la description d'une société telle que certains la rêvent, mais où le trop plein de sécurité recherché, finit par dégénérer en insécurité permanente et des plus dures.

Sous haute surveillance

"Sous haute surveillance" de Bently Little, que l'on pourrait qualifier de roman d'horreur, peut-être même fantastique. Pour moi, c'est un pur thriller avec une intrigue polar des mieux cousues. Un couple emménage dans une résidence, "protégée", avec la ferme obligation d'adhérer à une association de propriétaires. Le titre en anglais, "The association", donne encore plus de poids au roman, car cette association est bien le cœur de l'intrigue. Un roman sur les dérives sécuritaires, toujours bonnes à rappeler, dans un contexte d'époque où l'on ne regarde souvent que par le petit bout de la lorgnette. Un roman instructif, environ 450 pages qui se lisent comme on avale un bon croissant chaud au petit matin.

L'homme de la rue

Un film de Franck Capra avec Gary Cooper, où la dimension sociale du film noir trouve son apogée.

Une journaliste congédiée de son journal, invente un personnage, John Doe qui menace de se suicider, excédé par un monde écrasant pour la plus grande partie de la population. Le journal part à la recherche d'un "John Doe", celui qui incarne si bien les "petites gens ", et peut servir de palliatif à leur révolte. Mais la machine trop bien huilée peut s'enrayer envers et contre tout. Film humaniste, psychologique, et noir dans toute son essence et son but à atteindre les lumières de la vie et de l'espérance.

Le trou

Film de Jacques Becker en 1960, d'après José Giovanni. L'univers de la prison, sa promiscuité, ses doutes, ses espoirs, sa machine à broyer, puis le rêve, l'illusion, jusqu'à la cruelle désillusion, l'infernal retour de balancier. Un jeune homme accusé à tort ou à raison ; enfin, qui clame son innocence, est changé de cellule à la Santé. Il va rejoindre un groupe qui prépare une évasion. Il est forcément associé au projet qui part on ne peut mieux... jusqu'à ce que la belle mécanique s'enraie. Par qui ? Pourquoi ? Questions éternelles, avec lesquelles on réalise une merveilleuse histoire, et un classique du film noir.

http://www.youtube.com/watch?v=gVZdp5mMvuM

Bientôt un polar de Patrick S. Vast ?

C'est en tout cas bien parti ; c'est dans les tuyaux, et ça devrait se concrétiser en fin d'année 2009. Suspense donc encore, et affaire à suivre...

Radio Jazz

Vous aurez remarqué que désormais, pour accompagner vos balades, vos errances ou autres sur ce blog, je vous propose une ambiance musicale jazz, jazz comme polar, polar comme la Noire au bout de nos nuits blanches.

Le glaive et la balance

Un film d'André Cayatte en 1962, avec Anthony Perkins, Jean-Claude Brialy et Renato Salvatori.

Le meurtre d'un enfant, trois hommes sont jugés dont un qui est forcément innocent. Dilemme : faut-il condamner un innocent ou relâcher deux coupables ? André Cayatte introduit toujours la réflexion, et des plus complexes dans ses films, et quand il aborde le polar, genre par excellence pour mettre à nue l'âme humaine, il emmène le spectateur dans les méandres de la circonspection.

Un si joli village

Le trio fatal : le juge, le notable, la maîtresse du notable. Mais au fait, ce devrait être un quatuor, avec la femme du notable. Seulement, elle a disparu, elle est volatilisée, ce qu'a du mal à admettre le juge. Excellent jeu d'acteur : Lanoux en très méchant, Carmet en opiniâtre, et Valérie Mairesse en... maîtresse. Puis, il y a le village : fait divers campagnard, moeurs campagnardes ? Non, universelles. Trio fatal pour un polar d'Étienne Périer, à la fin des seventies. Et en plus on l'ambiance de l'époque.