dimanche 31 août 2008

L'auvergnat


Michel Lebrun, le pape du polar, est un coutumier des chassés-croisés, et l’a encore prouvé dans « Un revolver c’est comme un portefeuille ». Mais dès 1965, avec « L’auvergnat », il excelle dans le style.
Dans ce roman, on a droit à de beaux portraits de personnages, à des destins qui s’enchaînent, s’entrecroisent, pour que tout le monde se retrouve à l’aube tremblante dans le bistrot dont le nom a donné son titre au roman.
C’est un ouvrage pour lequel il faut réserver sa soirée et même une partie de sa nuit. Car on lit la première ligne, et l’on ne s’arrête qu’à la dernières, après les quelques pauses réglementaires et incontournables, mais de toute façon relativement courtes, bien évidemment.

samedi 30 août 2008

Stan up !

Stan Getz et "Les feuilles mortes" qui se ramassent à la pelle comme autant de bulles de jazz nougaroïesques, dans les volutes du saxe qui s'en vient s'assoupir au crépuscule des matins tièdes.

vendredi 29 août 2008

Fréquence Meurtre

« Fréquence Meurtre », initiales FM. En 1988, la FM était à son apogée, une petite poignée d’années après l’avènement des radios libres, de la libération des ondes. Un film qui tombait bien, avec une bonne histoire de corbeau et de traumatisme passé. Tous les ingrédients pour un thriller qui tient la route jusqu’au bout. Une bonne histoire, un bon film, de bons personnages. Tout est parfait.

jeudi 28 août 2008

Le rêve de l'antiquaire

Sex, Thriller and… on pourrait presque dire rock’n’roll, puisque Simon Beckett, l’auteur de ce roman a été guitariste de rock. En tout cas, sa patte d’écrivain n’est pas vaine, et voilà une histoire bien ficelée et terriblement haletante, malgré la poussière qui accompagne d’ordinaire les antiquités. Là, elle vole la poussière, et point de vieux bronzes, mais an exciting way !

mercredi 27 août 2008

Le pain des fossoyeurs

Un polar qui se déroule dans le cadre d'une entreprise de pompes funèbres, voilà qui ne peut que convenir quand on sait que de nombreux cadavres jonchent les boulevards des romans noirs. Et c'est ce qu'a parfaitement réussi Frédéric Dard avec "Le pain des fossoyeurs", un roman provincial, avec toute la dose voulue de suspense machiavélique, lorsque le loup entre dans la bergerie, ou le renard dans le poulallier.

mardi 26 août 2008

Les jeunes loups

1968, c’était aussi le temps des « Jeunes loups », avec une Tuesday Jackson, pendant d’un Vernon Sullivan, qui nous chantait « I’ll never leave you », comme pour nous prouver que le blues hexagonal existait bien, dans les méandres d’un orgue Hammond.

lundi 25 août 2008

La main au collet

Un chat c’est agile et ça peut faire un sacré cambrioleur. Mais un chat, ça n’aime pas que l’on vienne traîner sur son territoire et ça chasse l’intrus, surtout s’il s’agit d’un trublion de pseudo alter ego.
C’est un peu la maxime du film du grand Hitch, « La main au collet », avec le gentleman Gary Grant, et Grace Kelly pas encore monacoïsée en 1955.
Action, Côte d’Azur, soleil et Cat-Walk

dimanche 24 août 2008

Du buzz dans l'air

Duo de saxe et de trompette bouchée, quand le blues devient rythm’, quand le rythm'n'blues nous jazze avec Louis Jordan.

samedi 23 août 2008

Bonne vie et meurtre

Fred Kassak est le gentleman du polar français, une touche british dans l’humour noir qui sied bien souvent au genre.
C’est le cas de « Bonne vie et meurtre », qui, une fois audiardisé est devenu un film sous le titre « Elle boit pas, elle fume pas… ». Bon, si l’on peut regretter que dans ce cas, la finesse kasakienne se trouve quelque peu chamboulée, Audiard c’est une institution, et il est vrai que très souvent, le institutions sont comme les bulldozers : elles ont du mal à s’arrêter.

vendredi 22 août 2008

Meurtre pour mémoire


Le polar a indéniablement une vocation sociale et très souvent même politique. C’est le cas avec « Meurtre pour mémoire » de Didier Daeninckx.
J’ai découvert ce roman en 1984, et depuis je le tiens comme étant le meilleur ouvrage relatant les terribles événements du 17 octobre 1961 à Paris. Ce roman corrige l’Histoire officielle qui prévalait à l’époque, et réalise l’admirable jonction entre deux pans sinistres de l’Histoire véritable, celle qui échappe à la censure et aux réajustements des chiffres. Un roman pour ne pas perdre la mémoire, et la garder intacte au cas où…

jeudi 21 août 2008

Prévert in Black

C'est un Breton qui revient au pays natal
Après avoir fait plusieurs mauvais coups
Il se promène devant les fabriques à Douarnenez
Il ne reconnaît personne
Personne ne le reconnaît
Il est très triste.
Il entre dans une crêperie pour manger des crêpes
Mais il ne peut pas en manger
Il y a quelque chose qui les empêche de passer
Il paye
Il sort
Il allume une cigarette
Mais il ne peut pas la fumer.
Il y a quelque chose
Quelque chose dans sa tête
Quelque chose de mauvais
Il est de plus en plus triste
Et soudain il se met à se souvenir
Quelqu'un lui a dit quand il était petit
"Tu finiras sur l'échafaud"
Et pendant des années,
Il n'a jamais osé rien faire
Pas même traverser la rue
Pas même partir sur la mer
Rien, absoluement rien.
Il se souvient
Celui qui avait tout prédit, c'est l'Oncle Grésillard
L'oncle Grésillard qui portait malheur à tout le monde
la Vache !
Et le Breton pense à sa soeur
Qui travaille à Vaugirard
A son frere mort à la guerre
Pense à toutes les choses qu'il a vues
Toutes les choses qu'il a faites
La tristesse se serre contre lui
Il essaie une nouvelle fois
D'allumer une cigarette
Mais il n'a pas envie de fumer
Alors il décide d'aller voir l'oncle Grésillard
Il y va
Il ouvre la porte
L'oncle ne le reconnaît pas
Mais lui le reconnaît
Et il lui dit : "Bonjour oncle Grésillard"
Et il lui tord le cou
Et il finit sur l'échafaud à Quimper
Après avoir mangé deux douzaines de crêpes
Et fumé une cigarette.

Prévert fut avec Marcel Duhamel l’un des fondateurs de la Noire. Il avait capté lui aussi tout le potentiel dramatique du polar qui devait en inspirer plus d’un, ce vieux grigou de Malet en tête, avec sa série de romans sombres et blêmes à la fois.
Et dans ce poème, c’est toute l’atmosphère polareuse que dégage Prévert. La poésie polare, voilà bien un concept qu’on lui doit.
Tout y est : l’ambiance, l’atmosphère, le décor. C’est du Simenon passé au Mac Orlan, avec même un brin de Goodis pour le tempo.
Le Breton qui revient, c’est un peu « Le chien jaune », « Le voyageur de la Toussaint ». Après le crime, on s’attend à voir débarquer Maigret avec sa pipe. Un Maigret version Gabin nimbé de Cremer, au fil du temps et de la brume.

mercredi 20 août 2008

Bassology

Willie Dixon a slappé derrière les plus grands, et quand il nous remonte un petit piano boogie, il y a comme des fourmis dans les jambes.

mardi 19 août 2008

Le bol de lait

Jeanne Lesur était une petite bonne femme toute ratatinée de 75 ans. Elle vivait dans une station balnéaire du bord de Manche envahie par les touristes à la belle saison, mais qui redevenait quasiment déserte dès que le vent du nord commençait à souffler avec opiniâtreté, en soulevant sans ménagement le sable de la plage et des dunes. Elle habitait une maisonnette dans un coin retiré, et avait pour plus proche voisin, son neveu Léon, qui était également son seul héritier. C'était un individu de 35 ans qui semblait avoir opté définitivement pour le célibat, et vivait plutôt chichement grâce à une rente obtenue suite à un accident du travail aux causes douteuses. Ce grand échalas au visage émacié ne passait pas pour être un acharné du boulot, mais quiconque connaissait Jeanne Lesur, ne pouvait qu'affirmer qu'il prenait grand soin de sa tante, se souciant par ailleurs avec assiduité de sa santé. Chaque jeudi soir, il avait coutume de se rendre chez elle, afin que tous deux s'adonnent à une séance de spiritisme. Jeanne qui ignorait manifestement que les "esprits" ne s'embarrassent plus guère des choses bassement matérielles qui encombrent notre quotidien, espérait par ce biais, faire avouer à son mari Victor, décédé une dizaine d'années plus tôt, qu'il l'avait trompée avec la femme du boucher le 14 juillet 1968. De son vivant, elle n'y était jamais parvenue, et bien qu'elle n'eût pas encore obtenu de résultat significatif depuis cinq ans qu'elle avait commencé les séances du jeudi soir avec son neveu, elle ne paraissait pas encore prête à abandonner.
Ce soir-là, bien que l'on ne fût pas jeudi, mais mardi, Léon sortit précipitamment de chez lui aux environs de 21 h. Il jeta un rapide coup d'oeil aux fenêtres des maisons alentour, et ne voyant pas de lumière à aucune d'entre elles, marcha le corps en avant afin de braver les bourrasques de vent, jusqu'à la demeure de sa tante.
Il sonna à la porte, et attendit, le coeur battant. Il entendit un bruit de frottement qui se rapprochait petit à petit, puis bientôt, une voix chevrotante demanda :
– Qui est là ?
Léon se retourna, ne vit que la noirceur d'encre de la nuit, qu'un quartier de lune nimbait de reflets argentés, puis répondit, presque dans un souffle :
– C'est moi, ma tante, c'est moi, Léon.
– Léon ? s'étonna la voix derrière la porte.
– Oui, c'est Léon, ouvre donc, ma tante !
Léon frotta énergiquement ses mains l'une contre l'autre, couvrant ainsi partiellement le bruit de la clé qui tournait doucement dans la serrure. La porte s'ouvrit très vite, et dans un rectangle de lumière jaunâtre, apparut Jeanne Lesur emmitouflée dans une robe de chambre grenat.
Ses petits yeux se plissèrent quand elle dit :
– Eh bien, Léon, j'étais au lit ! Mais que je sache, nous ne sommes pas jeudi, que viens-tu donc faire ?
Léon dansa d'un pied sur l'autre, se racla la gorge, puis dit :
– Je sais, ma tante, que nous ne sommes pas jeudi. Seulement, ce soir, je sens que j'ai du fluide.
Les yeux de Jeanne s'agrandirent, et sa petite tête surmontée d'un énorme chignon de cheveux blancs se secoua quand elle s'exclama :
– Tu as du fluide ! Tu en es bien certain ?
– Oui, ma tante ! affirma Léon.
– Tu crois qu'il va enfin parler ce soir ?
– Oui, ma tante ! affirma encore Léon.
– Alors, rentre vite !
Jeanne s'écarta, et Léon se hâta de se faufiler dans le couloir qui menait à une pièce garnie de meubles rustiques, où flottait une odeur de pharmacie. Il enleva sa canadienne, et la mit sur le dossier de l'une des quatre chaises qui entouraient une table ronde.
– Vas-y, place les lettres, je vais chercher un verre à la cuisine ! lui ordonna sa tante qui venait de le rejoindre.
– D'accord, ma tante !
Léon alla ouvrir l'un des tiroirs d'un buffet de style Renaissance espagnole, et en sortit une boîte métallique. Il en ôta le couvercle, et prit à pleines mains les petits carrés de carton qu'elle contenait. Il alla ensuite placer sur la table, en cercle et dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, les carrés sur lesquels avait été tracée au gros feutre noir une lettre de l'alphabet.
Il venait juste de terminer sa tâche, quand sa tante revint dans la pièce en tenant précieusement dans sa main un verre qui semblait étinceler à la lumière du lustre suspendu au plafond, juste au-dessus de la table.
– Je l'ai lavé avec ce nouveau produit dont on fait tant la réclame en ce moment à la télé, déclara-t-elle avec un large sourire et en exhibant bien le verre. Je pense que ça va favoriser notre entreprise !
– Sans doute, ma tante, dit Léon en s'asseyant.
Jeanne posa le verre retourné au centre du cercle, puis s'assit à son tour, en face de son neveu.
Celui-ci regarda attentivement la grande horloge accrochée au mur devant lui, qui indiquait très précisément 21 h 15. Il eut un vague mouvement des lèvres qui trahissait une certaine anxiété, puis, imitant sa tante, il plaça son index droit raidi au maximum, exactement à trois millimètres au-dessus du verre, comme le veut la pratique.
Jeanne respira un grand coup, puis demanda d'une voix étranglée :
– Esprit, es-tu là ?
Profitant de la vue basse de sa tante, Léon posa l'index résolument sur le verre, puis le poussa vers les lettres O, U et I.
Jeanne qui avait accompagné le mouvement du verre en maintenant bien son index à quelques millimètres au-dessus, s'exclama aussitôt :
– Il est là !
Léon acquiesça doucement de la tête, et sa tante reprit :
– Esprit, qui es-tu ?
Léon poussa alors le verre vers les lettres N, A, P, O, L, E, O et N.
– Napoléon, encore lui ! pesta Jeanne. Ah, il m'embête celui-là, à chaque fois on doit se le coltiner pendant au moins une heure !
Léon haussa les épaules, fataliste, et fit en sorte que le dialogue depuis l'au-delà avec l'esprit de Napoléon dure jusqu'à 22 h 30. Ensuite il fit intervenir l'esprit de Lucrèce Borgia, puis celui d'une vague cousine décédée dans un accident de voiture quelques années plus tôt, ce qui les amena, sa tante et lui, à presque minuit. Ce fut le moment qu'il choisit pour qu'intervienne enfin l'esprit de feu son oncle Victor. Celui-ci se perdit dans un tas d'histoires sans intérêt, faisant languir son épouse quant à son éventuelle infidélité du 14 juillet 1968, jusqu'à trois heures du matin, et s'en alla sans prévenir !
Découragée, Jeanne souffla un grand coup, puis déclara d'une voix lasse :
– Je pense que tu t'es trompé, Léon, ton fluide n'est pas meilleur ce soir que les autres fois ! Je n'en puis plus, je vais vite aller au lit maintenant !
Léon prit un air buté, pour dire :
– Allons, ma tante, il faut insister! Je sens qu'il va parler, il faut le rappeler !
– Bon, soit, concéda Jeanne, mais pas plus d'une petite demi-heure.
– D'accord, dit Léon.
Il s'employa alors à faire alterner l'esprit de son oncle avec de nouveau celui de Napoléon, pour ne plus retenir que le premier à partir de quatre heures du matin. Victor joua encore au chat et à la souris avec son épouse jusqu'à cinq heures, l'instant précis où il déclara enfin :
"Non, Jeanne, je ne t'ai pas trompée avec la femme du boucher, le 14 juillet 1968 !"
Pour ce faire, Léon avait dû pousser à grande vitesse le verre vers les carrés de carton, sa tante qui somnolait, ne pouvant s'apercevoir de quoi que ce soit.
Elle sursauta toutefois d'un coup pour s'exclamer :
– Ah, Victor, je savais bien que tu avais toujours été un homme droit ! Comment ai-je pu seulement te soupçonner ?
Puis elle demanda soudain avec angoisse :
– Au fait, quelle heure est-il ?
Léon fit mine de jeter un vague coup d'oeil à l'horloge murale qu'il n'avait eu de cesse de surveiller pendant toute la séance de spiritisme, pour répondre :
– Cinq heures du matin, ma tante ! Même un peu passées...
– Cinq heures du matin ?! s'étrangla presque Jeanne. Mais c'est l'heure de mon bol de lait. Tous les jours je bois un bol de lait à cette heure-là ! Tu le sais bien, Léon ! Je ne peux pas changer d'un coup mes habitudes !
– C'est sûr, approuva Léon, il te faut boire ton bol de lait, ma tante. D'ailleurs, je vais te laisser, il est temps que je parte.
Il se leva précipitamment, enfila sa canadienne, puis se dépêcha de remettre les carrés de carton dans la boîte métallique qu'il replaça dans le buffet. Avant que sa tante n'ait eu le temps d'intervenir, il avait saisi le verre qu'il alla prestement reporter à la cuisine.
En revenant dans le séjour, il trouva sa tante qui s'était levée, et attendait dans un état d'extrême fatigue.
– Bon, j'y vais maintenant ! dit-il.
Jeanne bailla à s'en décrocher la mâchoire, puis reprenant un peu de vivacité, elle dit :
– Ah, Léon, ça valait quand même le coup de veiller. Tu avais raison, ton fluide était au meilleur de sa forme !
– Je te l'avais dit, ma tante, confirma Léon. Bon, allez, je file !
– Allez, bon retour, mon Léon !
Le neveu sortit rapidement, et fut surpris par la noirceur de la nuit qu'une lune pâlotte n'atténuait guère. Il s'assura que l'on dormait encore dans les maisons alentour, puis rentra chez lui, poussé cette fois par le vent qui n'avait pas molli.
Jeanne se rendit en traînant les pieds dans sa cuisine que son neveu avait laissée éclairée. Elle était totalement épuisée. Ce fut à grand renfort de bâillements qu'elle plaça une petite casserole en fonte sur l'un des brûleurs de la cuisinière à gaz, sortit une bouteille de lait du réfrigérateur, et en versa un bon quart dans la casserole. Tel un zombie, elle craqua une allumette, et tout en tournant le bouton de la cuisinière, l'approcha du brûleur qui libéra aussitôt des petites flammes bleues aux extrémités jaunâtres. Après avoir traîné avec peine une chaise jusqu'à elle, elle se laissa littéralement tomber dessus, puis sa tête ballotta d'un côté et de l'autre, et elle s'endormit profondément malgré la posture peu confortable dans laquelle elle se trouvait.
Bientôt, une écume onctueuse se forma à la surface du lait ; puis elle commença à épaissir, pour très vite gonfler et se soulever jusqu'aux bords de la casserole. Alors, en moins de deux, le lait s'échappa de la casserole en en léchant les côtés, et se répandit sur les flammes du brûleur qu'il étouffa très vite avec un chuintement insidieux.

Plongée dans son sommeil, Jeanne avait la bouche grande ouverte, libérant ainsi de tonitruants ronflements, qui couvrirent le perfide sifflement du gaz qui commença à s'échapper du brûleur éteint...

Patrick S. VAST - Mai 1989


lundi 18 août 2008

Allez, Louis !


« Allez Louis ! » chantait Nougaro. Et si Boris Vian a raccroché sa trompette en 59, Satchmo a attendu 1971. Depuis le son cruivré et la voix rocailleuse résonnent toujours comme un gospel intemporel.

dimanche 17 août 2008

Quand Boris crachait


La Noire était à son apogée après la Seconde Guerre mondiale Le polar anglo-saxon régnait, et Boris Vian devint Vernon Sullivan, un écrivain plus Ricain que les Ricains.
« I shall spit on your graves », pardon, « J’irai cracher sur vos tombes », aurait pu être écrit par un gars du Deep South, de la Caroline ou des environs. Mais le touche à tout de Villedavray avait tout pigé, et son histoire de « Nègre blanc », son récit d’une vengeance des plus impitoyables sonnait cruellement vrai, était d’une noirceur parfaitement calibrée.
Puis, en 59, il y eut le film de Michel Gast, pendant la première projection duquel Boris partit jouer de la trompette ailleurs.

vendredi 15 août 2008

Le nom de la rose


« Le nom de la rose », un film de Jean-Jacques Annaud d’après un roman d’Umberto Eco. Mais c’est surtout un subtil et envoûtant polar médiéval teinté d’ésotérismes. En des temps obscurs, dans un sinistre cloître du nord de l’Italie, des victimes aux destins funestes, dans une ambiance gothique, parmi des personnages inquiétants. Un esthétisme glacé, un thriller des temps anciens où la vie ne tenait qu’à peu de choses.

jeudi 14 août 2008

Gainsjazz 64

En 1964, du jazz avec Gainsbourg, mais « Du jazz dans le ravin », en Aronde sport et avec un passage très hamptonien.

mercredi 13 août 2008

L'assassin habite au 21


Génial roman de Stanislas-André Steeman, un pan vivant de la littérature policière, « L’assassin habite au 21 » a traversé la Manche sous la caméra de Henri-Georges Clouzot. D’une pension de famille typiquement british du Londres brouillardeux, on est passé à la pension Des Mimosas dans le Paris éternel. Mais l’intrigue reste bien ficelée avec des personnages bien campés et remarquables. Le roman comme le film offre aux polareux d’intenses moments de bonheur, en se replongeant dans le classicisme du genre, ce qui ne fait jamais de mal.

mardi 12 août 2008

M. Hire

D’un roman de Georges Simenon, « Les fiançailles de M. Hire » paru en 1933, le réalisateur Patrice Leconte a su tirer en 1989, un film poignant, bouleversant. Sur fond d’intrigue polar, nous assistons à la désertion de l’âme au profit d’une nouvelle dimension : celle de l’aubaine, de la trahison tragique. M. Hire était à la recherche d’un absolu, il s’est brisé sur l’écueil de petits calculs intéressés, et de l’état de voyeur mesuré, il est passé à celui de victime d’une insondable tristesse.
Sandrine Bonnaire et Michel Blanc dans l’excellence, donnent toute leur dimension à un drame noir, au rendez-vous raté d’un bonheur trop simple pour exister.

lundi 11 août 2008

Tequila

Une touche de Mexique dans un jazz guitaristique. Wes Montgomery nous emmène dans des relents de salsa soft vers les alcôves du plein soleil.

dimanche 10 août 2008

L'été meurtrier


"L'été meurtrier", un thriller au pays des cigales, un polar provençale, mais aussi une noire histoire de vengeance. Quand le passé macère un peu trop, ce n'est jamais bon.
En tout cas, d'un roman de Sébastien Japrisot, Jean Becker a tiré un film marquant en 83, avec l'interprétation inoubliable entre autres, d'Adjani et de Souchon.
Allons écouter les grillons, et frémissons, car bien des années plus tôt, lors d'une triste nuit d'hiver enneigée...

samedi 9 août 2008

A touch of Coltrane

Le facteur sonne toujours deux fois, mais le saxo de Coltrane n’en finit plus de sonner sur la planète jazz, une planète intemporel et inter spatiale, de Mars à Marciac, l’esprit, l’âme de Coltrane souffle comme un solo rageur.

vendredi 8 août 2008

Le facteur sonne toujours deux fois

« Le facteur sonne toujours deux fois » de James M. Cain, c’est un roman des années 30, un roman de la Grande Dépression. Roman noir, il met en relief les rapports ambigus, l’appât du gain, l’annihilation de tout sens moral au profit de l’urgence et de l’absolu. Polar du sordide, il devint un film dans différentes versions. Il y eut celle de 1946 avec une Lana Turner en short blanc, mais il y eut surtout la version de 1981, certainement plus dans l’esprit de Cain, avec Nicholson et Jessica Lange. Cette version au noir absolu, répond par une sensualité à fleur de peau. Le sexe élément non négligeable du polar transpire dans la moiteur du complot, dans le glauque qui s’abat sur le trio fatal, la femme, le mari, l’amant, pour ne laisser qu’un goût d’irrémédiable destruction.

jeudi 7 août 2008

Minnie petite souris


« Minnie petite souris », chantait il y a bien longtemps Salvador, vieux pote de Boris. Et voilà que Memphis Minnie, blueswoman des plus inspirées, s’attaque à un chat, et en plus un chat noir. Drôle d’ambiance pour une souris. Mais il est vrai qu’il s’agit d’un blues, et parions que le matou en question, vu la noirceur de son poil, en a bavé de toutes les couleurs.

mercredi 6 août 2008

Caveau de famille

Un policier à la retraite tombe par hasard sur un polar, et en le lisant, trouve des similitudes avec une affaire sur laquelle il a travaillé plusieurs années auparavant. C’est là l’idée de départ géniale de Michel Lebrun, dit le pape du polar. Une enquête à partir d’un bouquin. La fiction qui rejoint la réalité et vice versa.
Un roman à la taille voulue et nécessaire, alerte, que l’on ne lâche pas. À se procurer partout où c’est possible. Puis, Lebrun, c’est un label de garantie. No hésitation !

mardi 5 août 2008

Talkin' 'bout Luther

Luther Allison, c’est la puissance du blues, les notes incisives à grands coups de médiator sur les cordes tendues comme des arcs. C’est le blues dans toute son urgence, son émotion, tout son feeling, celui qu’on aime depuis la nuit des temps, jusqu’à l’approche d’une aube de clarté et de sérénité.

lundi 4 août 2008

La balance

« La balance », un bon polar de Bob Swaim en 1982. Le monde des flics et des indics, les trottoirs et ses filles, le blues de Belleville et une sacrée brochette d’acteurs. Un film assurément dur, certainement noir, du polar d’action, qui aurait, tiens, mérité un petit générique bien jazzy. Mais soyons beau joueur, celui qui a été choisi est très bien quand même, juste rock comme il le faut !

dimanche 3 août 2008

Dizzy

Dizzy qui big bande, qui croone, qui groove, qui nous swinge l’une de ses petites perles que sa trompettes porte à l’avant, et nous offre en un insatiable goût de l’harmonie.

samedi 2 août 2008

Le corbeau

« Le corbeau » de Clouzot, un film de 1943 et encore un coup de maître, qui tombait à pic en cette période sombre, très sombre. Inspiré par une histoire vraie, « Le corbeau de Tulle », ce film est résolument noir et son suspense insoutenable, autant que son ambiance relève du grand art. Des acteurs hors pairs au service de personnages inoubliables, « Le corbeau » est un thème polar par excellence, mais aussi l’une des armes les plus destructrices qui viennent hanter les faits divers, l’actualité la plus scabreuse et la plus innommable.
C’est en cela que ce film de Clouzot est intemporel et indémodable.

vendredi 1 août 2008

Mr Parker

Ah, Bird ! chantre de la Beat Génération, de ces inconditionnels de la liberté, ne pouvait que concevoir un jazz libre, en perpétuelle errance, à la croisée du renouveau. Et quand Dizzy se met de la partie, il n’y a plus qu’à tout laisser aller jusqu’à l’aube étincelante.