dimanche 31 mai 2009

Gorki Park

Trois cadavres dont on a mutilé le visage trouvés dans le Parc Gorki à Moscou, et l'enquête est lancée. Mais pour ce film de Michael Apted datant de 1983, rien n'est gagné. Car dans l'ex-URSS finissante, tout s'emmêle : trafic d'animaux comme d'êtres humains, embrouille du KGB. L'URSS de Gorbatchev a encore bien les pieds dans l'ère brejnievienne, et des Américains qui invitent leur libéralisme au pays du socialisme, embrouillent un peu plus les faits. Polar politique bien mené, avec des personnages que l'on croirait avoir vraiment rencontrés sur la Place Rouge, pour peu qu'on s'y soit aventuré.

jeudi 28 mai 2009

Un revolver c'est comme un portefeuille

"Un revolver c'est comme un portefeuille", ça peut passer de poches en poches, ou de mains en mains, et faire du grabuge en passant. Un bon petit polar bien ficelé, mijoté par Michel Lebrun, avec des personnages, des destins, des vies, des aventures qui se croisent, et passe le revolver...

mercredi 27 mai 2009

Le coucou

Avec Georges J. Arnaud, le banal devient insolite, et l'on peut être amené à se méfier de tout. Ainsi, une entreprise de nettoyage ! A priori c'est fait pour nettoyer des bureaux, des locaux de toutes sortes. Oui, mais, quand on dit "nettoyer", ça peut être nettoyer à l'extrême. Au point de laisser du cadavre dans l'air. Alors, suivez M. Arnaud, il va vous emmener là où il le faut pour un très bon moment.

samedi 23 mai 2009

There's a time

Il y a un temps pour tout, un temps pour rien, et un temps pour John Coltrane.

jeudi 21 mai 2009

Chabrol sur tous les fronts

Ce n'est pas que je veulle transformer ce blog en chronique télé, mais compte tenu de la présence de Claude Chabrol deux soirs de suite, respectivement sur la chaîne franco-allemande ARTE puis sur la 3ème chaîne de la télévision française, je ne puis que parler de "Violette Nozière" et de "Merci pour le chocolat".

"Violette Nozière", c'est l'adaptation d'un fait divers des années 30, une jeune fille empoisonnant son père et manquant de faire trépasser sa mère. Monde clos, trop à l'étroit dans un appartement propice à la promiscuité et à toutes dérives. En incarnant le personnage de Violette Nozière, Isabelle Huppert campa un personnage tout à fait "chabrolien".

Adapté d'un polar de Charlotte Armstrong, ce film permet à Chabrol de retrouver son univers favori, celui de la bourgeoisie interlope, de ses intrigues, de ses secrets d'alcôves ou autres. Isablle Huppert joue encore le rôle d'une empoisonneuse, et tout le reste se laisse regarder comme un thriller d'apparence (mais seulement d'apparence) cosy.


lundi 18 mai 2009

Mystic River

"Mystic River" ou en quelque sorte le blues de la rivière "Mystic". Il y a quelques années dans l'excellente émission "Mauvais genre" sur France Culture le samedi à 21 h, j'avais écouté la critique du roman de Dennis Lehane. Critique élogieuse, bien sûr, puisque Lehane est un écrivain de polars hors pair.

Dimanche soir, les amateurs de polars ont sans doute regardé sur la 2ème chaîne de la télévision française, l'adaptation réussie de l'excellent roman.
Histoire noire et profonde. Celle de l'enfance marquée à jamais, qui ressurgit des années après et sème la confusion, jusqu'à brouiller les pistes et les coupables.
Roman intense, film inoubliable. Il y a de grande oeuvres, et "Mystic River", écrite ou filmée, en fait forcément partie.


samedi 16 mai 2009

Manie de la persécution

Un très grand Louis C. Thomas, l'un de mes auteurs préférés. Un homme se réveille après un accident. Mais est-il celui qu'on lui dit être ? Angoisse, mystère, de quoi se sentir persécuté. Un grand poncif du polar que ce thème, oui mais, mené avec brio par un auteur chevronné.

mercredi 13 mai 2009

L'affaire Nokobva

Amateurs de polars, vous l'êtes sans doute aussi de fantastique ou de SF. Alors voici "L'affaire Nokobva", une histoire de téléphone à cadran qui se met à sonner alors qu'il n'est relié à aucun fil. Mondes parallèles, failles temporelles, ce sujet de prédilection m'a fortement inspiré, et il fait partie de "Fil rouge", un recueil de 10 nouvelles déclinées sur le même thème, qui sont autant d'histoires riches en nuances, rebondissements, et c'est aux Éditions Saint-Martin.


Me voici en signature au 2ème salon de l'écrit de Wissant (Côte d'Opale), le 19/04/2009.
Alors pour en apprendre davantage, on clique ici.
Et pour acheter le recueil "Fil rouge", on clique là.

dimanche 10 mai 2009

Le chien des Baskerville

Oeuvre incontournable de Sir Arthur Conan Doyle, parfaite synthèse du polar et du fantastique, le roman a donné lieu à moult adaptations filmées souvent pour le meilleur.

samedi 9 mai 2009

Les granges brûlées



« Les granges brûlées », un film de Jean Chapot en 1973. Avec Alain Delon en juge d’instruction et Simone Signoret en chef de clan, sur fond de meurtre dans la campagne du Doubs.
Un bon polar d’atmosphère et une musique caractéristique.


vendredi 8 mai 2009

8 Mai

Aujourd'hui, 8 Mai... et la musique qui va avec.

mercredi 6 mai 2009

Max et les ferrailleurs

Un film de Claude Sautet en 1970. Piccoli en flic jusqu'auboutiste, jusqu'à l'extrême et la déraison. L'effet boomerang de l'idéalisme joue à fond, comme le duo d'acteurs hors pair qui concentre le film : Piccoli, Romy Schneider. Les voir évoluer dans ce genre de film, suffit à expliquer pourquoi on garde un indéfectible penchant rétro.


mardi 5 mai 2009

Des chats vraiment cool

J’aime écrire sur les chats, source d’inspiration inépuisable. Alors, voici un petit hommage musical à nos amis à moustache : « Three cool cats », morceau de bravoure des Coasters dans les 50’s, dans une version à l’identité imprécise mais très sympathique pour tous les minets de la planète.

dimanche 3 mai 2009

Le chat qui boite


2009

Il est certainement arrivé au cours de la nuit du solstice d’été. En tout cas, on l’a découvert au matin ; clopinant sur trois pattes, mais sachant prendre de la vitesse quand il le faut ; quand des garnements se mettent à le courser.
Il erre maintenant depuis deux jours dans le village encombré de 4X4. Les habitants le regardent d’un drôle d’œil et beaucoup évitent même de signaler sa présence ; comme si son arrivée n’était pas bon signe, qu’il pourrait porter la poisse. Il faut dire qu’il est noir ; alors un chat noir qui boite… superstitions ancestrales ? Allez savoir.
Quand il l’a vu, Bernard Lesage, le maire du village, un bedonnant au visage couperosé de 68 ans, a tiré une drôle de tête.
Et on l’a même entendu dire à son adjoint, Jacques Leseille, un homme du même âge que lui et également bedonnant et couperosé :
— La présence de ce chat ne me plaît pas.
— Eh bien, a plaisanté Leseille, prend donc un arrêté d’expulsion.
Le maire a haussé les épaules, et son adjoint l’a laissé sur la place du village.
Une fois chez lui, ce dernier a dit à sa femme, Annette, une matrone tout en chignon ayant atteint également ses 68 printemps :
— Jacques est tout pâle à cause du chat qui boite
Sa femme a secoué nerveusement la tête en disant :
— Il n’a peut-être pas tort.
Son mari s’est mis à rire, puis s’est versé un grand verre de rouge qu’il a bu cul sec.

****

1959

Sur la place du village, deux motos rouges tournaient en rond en pétaradant à qui mieux mieux, comme pour déclarer la guerre à la moindre quiétude qui aurait eu l’audace de vouloir s’installer.
Les villageois en avaient l’habitude ; mais surtout ils n’osaient rien dire, puisque sur l’une des motos, il y avait Bernard, le fils de Clovis Lesage, le maire du village. Mais aussi, sur l’autre, il y avait Jacques Leseille, le fils du boucher, qui installait toujours sur son porte-bagages, Annette, la fille du boulanger.
Les trois jeunes gens avaient 18 ans, et prenaient un malin plaisir à faire du bruit avec leurs engins. Mais s’ils n’épargnaient aucun villageois pour ce qui était de leur casser les oreilles, leur bouc émissaire était quand même bien Germain, un vieux boiteux de 68 ans.
Et ce jour-là, pour ne pas faillir à leur habitude, quand ils en eurent assez de tourner autour de la place, ils allèrent faire pétarader leurs motos sous la fenêtre du vieux qui habitait à la sortie du village.
Bientôt, comme ils l’espéraient, complètement excédé, le vieux sortit de chez lui et les invectiva en vain, tant le boucan des moteurs noyait ses paroles, annihilait le son de sa voix.
Ils partirent cependant très vite en riant et en faisant rugir encore un peu plus leurs mécaniques.
Germain pouvait alors espérer être tranquille un moment.
Il le fut même jusque dans la nuit où il fut réveillé par un bruit de verre cassé. Il se leva, et arriva en chemise de nuit dans sa cuisine où il constata que la vitre de la fenêtre était brisée. En ramassant une pierre près de la table, il comprit tout de suite ce qui s’était passé et à qui il devait ce désagrément.
Il sortit à tout hasard, et tressaillit en découvrant une masse sombre devant la porte.
Il se baissa, et les larmes aux yeux, souleva après l’avoir saisi par les poils du cou, son chat Rodolphe, un magnifique matou noir. Il avait été assassiné sans pitié, et là encore, le vieux Germain connaissait les coupables.
On pense que le lendemain il s’était rendu à l’écart du village pour enterrer son chat, puisque c’est là, près de la rivière, qu’un promeneur l’avait découvert mort, étendu sur un chemin.
Les gendarmes étaient arrivés sur les lieux, accompagnés du maire.
Et celui-ci avait montré du doigt un talus qui surplombait le chemin en disant :
— Il a dû tomber du talus, et venir se casser le cou sur le chemin. Avec sa patte folle, ce n’est pas étonnant.
L’adjudant de gendarmerie avait hoché la tête, et la thèse de l’accident fut retenue sans que quiconque n’émette la moindre objection.
Des cousins de la ville étaient venus au village pour enterrer le vieux Germain, puis étaient repartis très vite. Bientôt, on apprit que la maison du défunt était à vendre pour un prix dérisoire, et le boucher l’acheta pour y installer son fils qui devait épouser au plus vite la jeune Annette enceinte de lui.
Les années passèrent, et plus personne, ou presque, ne se souvenait de Germain, le vieux boiteux.

***

2009

Bernard Lesage roule vers le village au volant de son 4X4. Il n’est plus qu’à trois kilomètres. Il est très contrarié, et pense vraiment à se débarrasser du chat qui boite. Il y pense même intensément, lorsque contre toute attente, d’un coup, juste devant, il voit un chat noir qui traverse la route en clopinant. Lesage n’en espérait pas tant. « Pour s’en débarrasser, il va s’en débarrasser du chat ! » Il appuie sur l’accélérateur, et fixe la route. Il va atteindre sa proie, quand soudain il sent que son véhicule échappe à son contrôle. Obnubilé par le chat, il en a oublié qu’il allait aborder un virage dangereux, qu’il vaut mieux prendre à vitesse modérée. Mais il est trop tard, il dérape, et son 4X4 fonce droit sur un pylône, où il va se fracasser.
Après le bruit assourdissant que cela a produit, le calme revient dans la campagne où le chant discret des oiseaux offre une douce mélopée.
Le 4X4 fumant est encastré dans le pylône, et coincé derrière le volant qui a perforé sa bedaine, Lesage se tient assis, le visage maculé de sang, le regard empreint d’une expression d’horreur, complètement inerte, mort sur le coup.

***

Il y a bien sûr eu beaucoup de monde aux obsèques du maire. Et de retour chez lui, Jacques Leseille prend un air grave pour dire à sa femme :
— On n’a pas vu le chat qui boite ces derniers temps.
— Tu ne vois vraiment pas clair ! réplique Annette. Il a traversé la place quand on entrait dans l’église.
Leseille ravale difficilement sa salive, puis va s’installer à la table de la cuisine.
— Sers-moi donc un coup de rouge ! dit-il à sa femme.
— C’est tout ce que tu penses à faire ! s’exclame celle-ci.
Leseille hausse les épaules.
— Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?
— Écoute, dit Annette, il faut se débarrasser du chat qui boite. Tu es un fameux chasseur. Tu ne rates jamais un lièvre. Alors, tu peux venir facilement à bout d’un chat. Surtout un chat qui boite.
Un sourire apparaît sur la face couperosée de Leseille.
— T’as raison, ma Annette, dit-il, t’as raison, je vais liquider le chat. D’ailleurs, ce n’est pas le premier que je vais liquider. Hein, tu te souviens ma Annette, il y a 50 ans…
Leseille s’arrête aussitôt, car sa femme vient de lui lancer un regard courroucé.

***

Il est bientôt minuit. Leseille veille avec son fusil posé sur la table de la cuisine. Il a vidé au trois quarts un litre de rouge, et somnole.
Il sursaute quand soudain sa femme déclare :
— Bon, je n’en puis plus, je vais monter me coucher. Je ne crois pas qu’on verra le chat cette nuit.
— On ne sait jamais, dit Leseille d’une voix pâteuse. Je vais encore monter un peu la garde.
Sa femme s’en va en hochant la tête, et Leseille repique aussitôt du nez.
Il se réveille de nouveau, quand il croit avoir entendu un miaulement. Il se saisit aussitôt de son fusil, et se lève de sa chaise. En chasseur avisé, il dresse l’oreille. Bientôt il entend un second miaulement qu’il localise à l’étage. Annette est forcément en danger ; il n’a pas un instant à perdre. Il monte l’escalier, puis arrive sur le palier du premier. Il voit aussitôt la porte entrouverte du cagibi où Annette range le linge. Il devine une présence à l’intérieur. Le chat, c’est là qu’il se trouve. Mais il est fichu, Leseille ne peut pas le louper dans un cagibi. Il épaule son fusil, quand il entend un nouveau miaulement. Il se met à trembler, son visage couperosé s’inonde de sueur. Et quand dans un grincement, la porte du cagibi s’ouvre davantage, il n’hésite pas et tire… une fois, puis deux.
Complètement tétanisé, il entend un cri qui n’a rien d’un miaulement, et pour cause, il s’agit d’un cri humain. Il sort de sa torpeur, appuie sur le commutateur du cagibi, et les yeux exorbités d’horreur, découvre Annette allongée au milieu de ballots de linge, sa robe à fleurs maculée de sang.
Il s’agenouille près d’elle, et ne peut que constater qu’elle est tout ce qu’il y a de plus morte. Leseille ne comprend plus rien. Que faisait sa femme dans le cagibi, avec la lumière éteinte ? Elle lui avait dit qu’elle allait se coucher, et non pas trier du linge, en plus dans l’obscurité. C’est à ne rien y comprendre. Et le chat, où est-il ? Leseille l’a pourtant bien entendu miauler. Mais il a beau regarder dans le cagibi, il ne le voit pas. C’est vraiment à ne rien y comprendre.
Alors très abattu, Leseille sort du cagibi, descend l’escalier avec son fusil à la main. Passe par la cuisine pour recharger son arme, et va s’installer dans un fauteuil de la salle à manger. Tout ça, c’en est trop pour lui ; oui, vraiment trop. Il se fourre le canon de son fusil dans la bouche, et appuie sur la détente. Le bruit de la détonation résonne pendant quelques secondes dans la pièce. Puis on entend un miaulement, et tout en clopinant, le chat noir apparaît. Il ignore Leseille dont la tête est déchiquetée, immobile dans son fauteuil devant un mur éclaboussé de sang et de fragments de cervelle, et furette un peu partout dans la pièce, s’y promène comme s’il faisait le tour du propriétaire.
Quand il en a assez, il s’en va par une chatière toute rouillée, et tandis que de différents points du village on accourt vers la maison de Leseille, il prend la route dans la nuit, tranquillement sous les étoiles, en clopinant sur ses trois pattes valides.

Patrick S. VAST - Mai 2009

samedi 2 mai 2009

Petites morts dans un hôpital psychiatrique de campage

Connaissez-vous le Cogé 5 ? Drôle de camelote à ce qu'il paraît. C'est du moins ce que démontre Michel Steiner dans son roman au coeur des pratiques psychiatriques, du système asilaire du passé et d'aujourd'hui. Il y a des cadavres qui jonchent cette histoire où la folie dite ordinaire n'est pas forcément celle que l'on croit. Encore une fois, le polar est d'utilité sociale et remplit bien sa mission d'écologie dignitaire.